Il existe deux manières d'envisager une théorie de la connaissance (ou épistémologie)
La vision positiviste, initiée par Auguste Comte, sépare le sujet de l'objet de la connaissance,et développe un processus déterministe, caractérisé par la prévisibilité des savoirs à acquérir, dans une logique de la reproduction de modèles prédéterminés.
La vision constructiviste, dont l'un des théoriciens est Jean Piaget, associe et conjoint le sujet à l'objet, et porte une vision indéterministe caractérisée par la prévalence du sujet, qui conditionne son apprentissage dans une logique de constructions singulières, multiples et non prévisibles.
Rapporté à nos préoccupations sur la musique, la posture positiviste disjoint le sujet de la musique, et considère la musique comme un objet indépendant, une discipline à laquelle tout apprenant est tenu de se conformer.
A l'inverse, une posture constructiviste considère que le sujet est musicien, qu'on ne peut disjoindre le sujet des connaissances musicales qu'il a à acquérir.
Lors de la dernière inspection du crr, les deux représentants du ministère de la Culture ont clairement dévoilé leur posture épistémologique, en déclarant qu'ils venaient écouter de la musique, alors qu'ils auraient aussi très bien pu dire qu'ils étaient venus pour écouter les élèves jouer de la musique. La nuance peut paraître ténue, mais elle conditionne des critères d'évaluation que ces deux épistémologies peuvent opposer et dont les conclusions peuvent se révéler diamétralement opposées.