durant la deuxième semaine de septembre, j'ai effectué un tour de corse à vélo
après avoir acquis par internet un billet pour le bateau toulon bastia, j'ai donc rejoint toulon par le train
le premier aperçu de la corse, je l'ai eu en gare de saint charles à marseille
à la descente du train bordeaux marseille, je rencontre une personne assez agée qui descendait son vélo du fourgon
nous faisons connaissance
c'est un américain de 77 ans qui fait du tourisme à vélo
il prend le bateau pour la corse à marseille
il me loue la beauté de l'ile, mais il dit de me méfier des routes autour d'ajaccio, où la circulation automobile est complètement folle
il remarque mes portes bagages bien chargés, alors que son vélo ne supporte qu'un petit sac en toile, et me dit que son principal bagage, c'est une petite carte en plastique qui lui permet de se payer des hotels : "je suis retraité et riche", me dit-il avec un air de satisfaction évident
nous nous souhaitons bonne chance, peut être nous reverrons nous dans l'ile, et je me dirige vers le quai où m'attend un ter pour toulon
à toulon, la gare maritime est facile à trouver, et j'aperçois l'immense paquebot jaune de la compagnie corsica ferries qui voguera la nuit vers bastia
première étape bastia l'ambada
la sortie de bastia est laborieuse, il y a beaucoup de circulation, et il faut parcourir une trentaine de kms pour être un peu plus tranquille
je vais jusqu'au bout du cap corse, et je fais connaissance des magnifiques routes côtières qui s'agrippent à flanc de montagne
deuxième étape :l'ambada galeria
je passe l ile rousse et calvi pour atterrir le soir dans un camping à galeria
sur la route, il y a une nuée de motards qui me doublent ou qui me croisent
la route alterne entre montée vers des pics, et descente vers des plages
troisième étape galeria la liscia
passage par les calanques de piana, magnifiques
quatrième étape : la liscia serra di ferro
il faudra l'ascension de deux cols avant d'arriver à ajaccio
les pentes ne sont pas encore très rudes et l'ascension se fait assez facilement
la sortie d'ajaccio se fait sans encombre, la route longe la mer, mais lorsque la route attaque la montagne, là, les pentes sont raides et je rencontre des vraies routes de montagne
arrivé au sommet, petite pause puis j'entame la descente jusqu'à propriano, où je compte camper le soir
mais à la sortie d'un virage, en pleine descente, une voiture en face de moi déboite vers la gauche, le choc est inévitable, je heurte le véhicule, me retrouve par terre, tous mes bagages étalés sur la route; fou de rage, je me relève sans trop de bobos et me dirige vers la voiture qui s'est arrêtée; la conductrice se met à geindre et d'une voix fluette, se met à répéter :"je suis handicapée, je suis handicapée; je ne suis pas bien"
désemparé je ne sais que faire lorsque survient un jeune homme, il se dit pompier et commence à prendre les choses en main; il faut d'abord garer la voiture sur le côté, ce que fait le jeune homme, mettre mon vélo sur le bord de la route, et là, je vois que le porte bagage arrière est tout faussé et coince la roue arrière; je sens que mon périple va s'arrêter là, je suis furieux
que faire : faire un constat, appeler les pompiers, car deux doigts de ma main gauche sont tout gonflés et je ne peux plus les bouger
le comportement de la dame ne m'aide guère, elle n'arrête pas de gémir et de se plaindre, un comble alors qu'elle vient de me blesser avec sa bagnole
pourtant, la dame nous apprend qu'elle habite un peu plus haut, le jeune homme prend le volant de la voiture, installe la dame à côté, et va se rendre au domicile de la dame, pour aller chercher le mari
quelques minutes plus tard, la voiture revient, se gare, et en sort un homme assez âgé, cheveux gris coiffés en arrière, prestance d'homme sûr qui regarde d'un oeil, mauvais le spectacle de mon vélo détruit et de ma main blessée
entre temps, j'ai fait appel à intermutuelle assistance, pour me donner des conseils : au bout du fil, un opérateur me fait patienter pour demander conseil à son "manager", et me profère des banalités qui ne me sont d'aucune utilité
le mari de la dame commence à s'impatienter, me dit qu'il va pas passer la nuit ici,
arrive un pick up conduit par un jeune homme dont le visage est caché par une grosse paire de lunettes; c'est le fils du mari de la dame
après palabres, et demande de conseil au pompier qui ne m'est d'aucun secours dans la mesure où il me dit : "c'est vous qui décidez", car j'ai le choix entre faire intervenir l'assistance, mais mon voyage sera compromis, ou trouver un arrangement avec le mari et son fils
enfin, une décision est prise : mon vélo est hissé dans le pick up, et sera amené chez un réparateur de vélo que le "papé" connaît(c'est comme ça que je vais le nommer, un mélange de yves montant dans "gens de florette" et de niels arestrup dans "le prophète") , et le papé va m'amener chez un médecin ami
je monte dans la voiture avec le papé, et on descend jusqu'à porto pollo chez le medecin, dont la porte du cabinet est fermé, parce qu'on est dimanche!
papé peste; on retourne chez lui,
il tient un restaurant
il me dit que tout s'arrangera demain, vous pouvez installer votre tente dans mon jardin, et vous prendrez bien l'apéro; pour l'apéro ça ne me dit rien du tout, j'installe la tente dans le jardin, et je demande si je peux prendre une douche
le papé n'y voit pas d'objection, et je prends une douche dans sa maison
ensuite, royalement, il m'offre le dîner
il me parle de lui, se plaint d'ennuis de santé, est obligé de faire un régime, il doit maigrir selon l'avis de ses medecins, mais "ils me font chier" dit il de son accent inimitable, m'avoue qu'il fumait deux paquets et demi de clopes par jour, qu'il a subi un triple pontage coronarien alors que je le vois bouffer un poulet entier, s'enfiler un grand verre de rosé, se prendre deux belles parts de fromages et finir par un fruit production local, preuve que ce corse est aussi solide que les montagnes qui dominent son petit resto
ce doit être un solide bonhomme, il me raconte sa vie, éleveur de vaches, puis propriétaire d'un resto, ça marche, j'ai pas trop à me plaindre; il a cet accent inimitable corse, on dirait un parrain mafioso entouré de toute une cour qui se baisse à ses pieds
la nuit arrive, je rejoins ma tente
le lendemain, on se retrouve chez le médecin ami, qui me prescrit une radio à faire a propriano pour voir s'il n'y a rien de cassé, et m'ordonne un médicament pour faire dégonfler mes deux doigts blessés
entre temps, nous avons amené mon vélo chez le réparateur, et nous remontons au resto
je passe la matinée à bouquiner sur la terrasse du resto, et vers midi, nous redescendons à porto pollo chez le réparateur de vélo; il a dévoilé la roue arrière, remis en place la lumière, mais quant au porte bagage, il est tout de travers, et réinstallé sur le vélo et se trouve à quelques millimètres de la roue arrière; j'en fais part au réparateur qui me dit : "ne vous inquiétez pas, ça tiendra"
il est plus de midi quand je repars, après avoir serré la main du papé
j'irai jusqu'à propriano, pour une pizza, et il se met à pleuvoir
étape 5 proto pollo calderrello
je passe sartène sous la pluie, le parcours n'est pas agréable du tout, il pleut, je roule sur une nationale avec beaucoup de circulation
le soir je m'arrête dans un camping
etape 6 calderrollo solenzara
le soir, pause dans un camping à solenzara, camping super, juste au bord de la plage
etape 7 de solenzara à ponte francardo
à la sortie de solenzara, j'ai décidé de ne pas continuer par la route côtière, trop de circulation, et je bifurque par des petites routes de mopntagne pour atteindre corte
je me retrouive à un moment sur la plateforme d'une ancienne voie ferrée, la pente est douce, je suis à peu près seul sur la route
helas, cela ne dure pas longtemps et l'ascension vers les hauteurs commence, je m'élouigne de plus en plus du bord de mer
la charcuterie corse est réputée, j'ai trouvé des cochons heureux
la route pour corte est difficile elle passe dans la montagne
le soir je trouve un camping en bord de route; il commence à faire froid; la propriétaire du camping me propose de partager le repas du soir avec les siens; j'accepte, il y aura de la soupe corse, du fromage bien corsé (tellement corsé qu'il faudra l'attendrir avec de la confiture de figue), et du raisin production locale
etape8 retour à bastia
immense descente jusquà bastia
a bastia je fais un tour à la gare, où stationne un autorail, livré récemment aux chemins de fer corse; problème: on ne peut pas y mettre son vélo, et son moteur en marche fait le bruit d'un vieux rafiot
je passe tranquillement la journée à bastia, en attente du bateau qui me ramènera à toulon, qui se profile à l'horizon, et qui se présente pour accoster à bastia
au moment de monter à bord, attente sur le quai d'embarquement, il y a une nuée de motards, je suis le seul cycliste
la traversée se fait de nuit, on peut dormir n'importe où dans le bateau, il n'y a pas trop de monde
une petite remarque à propos du prix de la traversée : à l'aller, j'ai acheté mon billet par internet, et j'en ai eu pour 47 euros
pour le retour, j'ai acheté le billet à la billetterie de la compagnie à bastia, et là, j'en ai eu pour 36 euros
arrivé à toulon, je prends un ter pour marseille, et, en gare de marseille saint charles, je fais une recherche pour un train pour paris, je trouve une place à 45 euros pour le train de nuit qui part le soir même de marseille blancarde
je profite de cette journée à marseille pour faire le tour de l'etang de berre
le soir à rognac, la circulation est intense, les possibilités pour rejoindre marseille par les petites routes sont limitées et compliqués, je décide donc de rejoindre marseille en ter
le soir, tout près de la gare, il y a un quartier arabe où on peut déguster une assiette de tajine pour 5 euros, comme dans le bled, mon frere
je me rends enfin à la gare de blancarde, en droit glauque où une poignée de personnes attendent le train de nuit pour paris
à paris le lendemain matin, je profite des voies sur berges débarrassées des bagnoles, et j'emprunte un tunnel où y règne un silence impressionnant
merci madame hidalgo pour cette excellente initiative, qui je l'espere va continuer à débarrasser cette belle ville de bagnoles bruyantes et polluantes
l'après midi, je vais à la manif des insoumis de la place de la bastille à république, puis je rejoins la gare montparnasse, où un tgv pour poitiers m'attends, une place à 27 euros que j'ai trouvée le jour même : qui a dit que le train était cher?
épilogue
à mon retour à poitiers, je rends visite à mes petits enfants, et leur mère, qui est médecin, me conseille de me rendre aux urgences, remarquant que mes deux doigts sont toujours enflés
je me rends donc à la polyclinique, radio est faite, rien de cassé, juste une luxation vite réduite, j'en ai pour 15 jours de convalescence avec une attelle avant que tout redevienne normal