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4 juin 2012 1 04 /06 /juin /2012 10:02

Retour sur l’intervention de Christian Pacher au conservatoire

Samedi, en cours de formation musicale du groupe C, Nils et Cecile nous ont joué avec leur instrument une danse traditionnelle apprise de manière « orale » lors d’un stage avec Christian Pacher. Celui-ci se dit « l’apôtre » de la « musique trad ». Ce dernier terme me questionne : la musique de Bach ou de Janequin ne peut-elle pas être aussi qualifiée de musique traditionnelle ? La question de la « tradition » me renvoie au fameux triptyque de Hannah Arendt « tradition-autorité-religion », trois concepts intrinsèquement intriqués qui constituent les piliers des valeurs d’une société.

Nous avons étudié, appris et écrit cette danse, pour constater que sa structure, de forme AB, avec demi-cadence et cadence parfaite, répondait parfaitement aux lois des mélodies classiques ou de variétés.

Alors, quelle est la singularité de la musique dite « traditionnelle ». Elle vient de la manière dont elle est transmise, Christian Pacher se targuant de l’excellence de la transmission « orale », se trompe sur ce terme ; ce n’est pas « oralement » (par la parole), que Christian Pacher transmet son savoir, mais « auralement », par l’audition (ses prédécesseurs Maurice et André, utilisaient un beau pléonasme, « musique d’oreille »).

Cette méthode a sa tradition, c’est celle de la pratique ménétrière, fondée sur la pratique expérientielle de l’instrument, opposée à la tradition de la pratique maîtrisienne, fondée sur la médiation de la voix ( donc pratique « orale »).

Ce terme de « musique traditionnelle », pourtant officiellement utilisé par toutes les instances de l’institution de l’enseignement artistique, relève d’un champ bien plus vaste que celui qu'’il veut bien définir. Le « Pénitencier », le blues, le grégorien, ne sont-ils pas des chants traditionnels ?

Alors ? L’excellence de la musique dite « traditionnelle » ne vient pas de son répertoire, comme voudrait nous le faire croire Christian Pacher, mais de son origine sociale (issu d’une pratique rurale, populaire et ménétrière), opposée à une autre musique traditionnelle, savante, écrite et maîtrisienne.

Respecter la tradition, c’est certes adopter la méthode maîtrisienne, mais aussi pratiquer la méthode ménétrière, délégitimée depuis la Révolution Française.

En légitimant ces deux traditions à leur égale importance, renaitra vraisemblablement toute l’autorité de deux méthodes qui n’ont pas à être constamment dénigrées, dans une communion où toute la musique aura repris du sens.

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29 mars 2012 4 29 /03 /mars /2012 09:51

Il y a de quoi en perdre son latin : la formation musicale est-elle du solfège ? Et inversement, peut-on dire que le solfège est enseigné dans le cours de formation musicale ?

Quiconque est vite taxé de ringard quand il a le malheur de parler de solfège, mot qu'’on voudrait bien refouler dans les limbes d’un inconscient collectif où le mot « solfège » fait ressurgir des souvenirs pénibles et bien désagréables. Témoin André Souris, compositeur ayant vécu au XX° siècle, qui écrit : « Nous  avons  tous  gardé  un souvenir assez désagréable de nos premières leçons de solfège. Je ne parle pas évidemment des enfants que l=on force  à  apprendre  la  musique,  mais  de  ceux  dont  l=oreille  est  naturelle,  attentive à tout ce que la vie a de musical »  AConditions de la musique et autres récits@, éditions de l=université de Bruxelles,  p.108.

Le solfège, d’après le Petit Robert, c’est : « l’étude des principes élémentaires de la musique et de sa notation », mais aussi : « livre expliquant les rudiments de la musique et de sa notation accompagné d’exercices, de morceaux à solfier ».

Les livres de solfège sont donc des recueils d’exercices,  à l’égal de ceux qui ont connu le « Bled », bible d’exercices orthographiques d’application aux règles des chausse-trappes de notre langue française.

En 1977 est apparu une grande réforme, bannissant le mot « solfège » et faisant surgir une expression moderne, le terme « formation musicale », qui a pour but : « l’acquisition des principes élémentaires de la musique par l’étude des textes musicaux du répertoire, à l’inverse du solfège, qui bénéficie d’un répertoire spécifique pour l’étude de ces principes ».

La formation musicale, c’est donc du solfège, puisqu’il s’agit de : « l’acquisition des principes élémentaires de la musique », mais c’est tout le contraire du solfège, puisque la FM est fondée sur « l’étude des textes musicaux du répertoire ».

Ce genre d’assertion s’appelle un paradoxe.

Depuis cette innovation majeure d’introduire dans le vocabulaire des signifiants musicaux le terme « formation musicale », le trouble n’a cessé d’exister entre solfège et formation musicale.

Finissons par une remarque de Riemann, pas toute jeune puisqu’elle a été écrite en 1882 : « -Solfège ( italien Solfeggio), exercice vocal destiné à développer chez le musicien la faculté d=appréciation et d=intonation des intervalles ou encore exercice de lecture musicale. Les conservatoires de France, de Belgique, de Suisse, considèrent le solfège comme un cours élémentaire indispensable à tous les élèves des classes instrumentales, aussi bien que des classes vocales; cet enseignement est très négligé dans beaucoup d=autres pays.@

Avouons que cette ode à la pratique maîtrisienne et à l’exception française n’a pas pris une ride.

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27 mars 2012 2 27 /03 /mars /2012 15:03

-A quoi sert la formation musicale ??

-A rien..........

-Si !!!!!! Ça sert à faire bosser les professeurs de formation musicale !!!!!!

 

C’est le genre de blague qui pourrait circuler dans les couloirs des conservatoires.

 

Imaginons un conservatoire dont le but serait une éducation musicale et artistique par la médiation de la pratique instrumentale : en d’autres termes privilégiant le paradigme ménétrier. Ces fameux cours complémentaires à la pratique instrumentale n’auraient plus lieu d’être. Les élèves seraient moins sollicités par leur présence au conservatoire (un cours par semaine), et donc aurait plus de temps à un travail personnel à la maison. Des heures d’enseignement seraient libérées, et les profs de formation musicale, ainsi que les profs d’instruments, pourraient s’adonner aux joies des cours collectifs d’instruments. Cette ouverture permettrait de proposer des cours supplémentaires, et d’ouvrir ainsi l’institution à un public plus large.

 

Au lieu de cela, nous assistons à un véritable acharnement thérapeutique, qui consiste, par tous les moyens, à justifier de la pertinence du cours complémentaire d’instrument, le cours de formation musicale, qui devient pratique chorale en cycle I, et à option en cycle II, affublé de signifiants abscons pour qualifier des modules en cycle III.

 

La tradition maîtrisienne, jugée comme mal nécessaire (si tu veux apprendre à jouer d’un instrument, fais d’abord du solfège !) semble inscrite dans nos gènes, alors qu'’une alternative existe, issu de la procédure expérientielle des ménétriers.

 

Oui, la pratique ménétrière fait partie de notre tradition, au même titre que la tradition maîtrisienne. Et, comme le dirait un homme politique, il existe deux voies pour apprendre : le chemin hypothético-déductif , qui a la faveur des esprits rationnels, et le sentier inductif et expérientiel, dont les esprits plus sensibles et manuels sont adeptes.

 

Alors, pourquoi vouloir à tout prix privilégier une méthode à une autre ?

Le cours de formation musicale est peut-être un mal nécessaire, mais il n’est pas exclusif et indispensable.

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15 février 2012 3 15 /02 /février /2012 12:21

 

 

C’est l’intitulé de plusieurs journées de formation organisées à Saintes en mars prochain.

 

On peut dire que deux lobbies pilotent cette opération.

Les tenants d’une tradition orale populaire, défenseur des valeurs du terroir et d’une culture de pays.

Les défenseurs de la pratique du chant choral, maîtrisiens dans l’âme et ardents défenseurs de la méthode solfégique de l’enseignement de la musique.

 

Ces deux familles sont idéologiquement opposées : les uns défendent une transmission orale de la musique d’essence populaire, les autres veulent être un rempart à toute velléité d’écorner une méthode de lecture de la musique savante.

 

Chaque courant prend appui sur la voix de l’enfant, mais les voies divergent ensuite sur ses destinées ; pour les uns, l’oralité représente une authenticité matricielle qu'’aucun écrit ne peut pervertir, pour les autres au contraire, l’écrit est le résultat final d’un parcours oral balisé et temporaire.

Deux logiques s’affrontent donc : les oraux contre les écrits, les sauvages de la transmission orale, et les précieux de l’excellence scripturaire, comme le laisserait entendre Luc Ferry.

 

Cette opposition de façade recèle cependant des lézardes épistémologiques que cette dialectique oral/écrit peut rendre caduque.

 

L’enseignement traditionnel oral, qui se dit d’oreille, devrait s’écrire « aural », anglicisme qui veut bien dire que tout vient de l’audition, et non  de la voix.

A l’inverse, l’enseignement du solfège n’est pas une éducation de l’oreille, écoute intérieure comme on voudrait nous le faire croire, mais une éducation orale, c’est-à-dire que le chant est premier dans toute pratique musicale, que celui-ci est ensuite intériorisé, pour pouvoir être lu et écrit.

 

Pour illustrer d’une part le caractère « aural » d’une transmission de savoirs musicaux, Françoise Dolto, experte en oralité psychanalytique, nous livre un exemple sur la transmission du don de la musique :

 

« Il y a aussi ce que font les Gitans pour renouveler les musiciens. J’ai appris cela quand j’étais en pèlerinage des Sainte-Marie-de-la-Mer, chez une amie qui connaissait beaucoup de Gitans. On a beaucoup parlé, c’est passionnant. Elle racontait que pour les gitans musiciens, dans le clan, le groupe, je ne sais pas comment ils l’appellent, la tribu, peut-être, je ne m’en souviens plus, quand le vieux meilleur musicien d’un instrument se sent vieillir, ils parlent entre eux : « Il faudrait bien qu'’il y ait un enfant qui reprenne », et pendant les six dernières semaines de la grossesse d’une des femmes, ce meilleur musicien vient jouer tous les jours pour le fœtus, et puis encore tous les jours les quelques semaines qui suivent sa naissance, il vient jouer tous les jours de son instrument, pour le bébé, et ce qu'’il joue le mieux. Et c’est tout. On laisse les choses comme ça, et on est sûr que cet enfant-là prendra cet instrument-là en grandissant. Ils m’ont raconté que c’est toujours comme ça que l’on prépare la relève. Avant la naissance et les premiers temps de la naissance. C’est de cet instrument-là dont il voudra jouer quand il va être en âge de désirer s’exprimer.  C’est très joli. Vous voyez que c’est plus qu'une parole, la musique. C’est un message signifiant de langage ». (p.63, dans « Tout est langage »)

 

Ce texte sur « l’auralité » m’amène à penser que toute excellence musicienne n’aurait pas son origine dans une prétendue oralité enfantine, mais dans une « auralité » intra–utérine du fœtus, et ensuite du nourrisson.

 

La deuxième illustration m’est venue à la lecture d’un roman policier intitulé « Willy Mélodia » l’histoire d’un loser qui traverse l’histoire de la mafia aux Etats-Unis. C’est un pianiste affublé d’une oreille absolue indéfectible. Il apprend tout d’oreille, et il écume les pianos-bars louches, ne chante pas et ne sait pas lire la musique.

L’oreille absolue, comme chacun sait, est le but ultime à atteindre pour toute âme éclairée musicienne de l’esprit supérieur de notre civilisation, comme nous le chante Luc Ferry. L’oreille absolue permet de voir la musique, comme nous le laisse entendre Jacques Attali, d’associer des hauteurs à des noms de notes, eux-mêmes pouvant être retranscrits sur du papier à musique, faisant de ces privilégiés qui en sont dotée une caste aristocratique dominant un royaume d’aveugles et d’analphabètes de la musique.

Mais Willy Melodia, ce piètre pianiste sicilien de Catane issu de l’imagination d’un auteur de polar, nous dit que l’oreille absolue peut se passer de l’écrit de la partition, au bénéfice vraisemblable de la géographie du clavier du piano inscrite de façon indélébile dans le cerveau de ce malheureux héros.

 

Cette vision instrumentale de la musique, dont on voit bien que l’oralité est exclue, se retrouve dans des expérimentations pédagogiques de la musique à l’école, sous forme de « classe orchestre » :

 

Témoin ce qui est mis en place à l’école Jacques Brel et à l’école Tony-Lainé

« Le cours se déroule en deux temps : des ateliers se mettent en place autour d’un instrument (trompettes-cors, trombones-tubas et percussions) puis les enfants jouent ensemble. » Ici, pas de pipeau ou de flûte qui n’ont plus vraiment la cote ; Pas davantage de solfège. « Maintenant, on entre dans la pratique avant d’apprendre le solfège. Cet apprentissage viendra après », commente Anne Gérard, adjointe au maire à la culture. La Ville a en effet favorisé la mise en place de la classe orchestre avec l’inspection d’académie sur une initiative du Conservatoire à rayonnement régional de Poitiers, implanté et fortement impliqué dans le quartier. 

(Extrait d’un Poitiers magazine)

 

L’excellence d’une pratique orale est ici rejetée, au profit d’une pratique instrumentale collective, le solfège « venant après ».

 

L’oralité que l’on nous chante, comme origine d’une excellence musicienne, paraît alors bien caduque face à une « auralité » d’essence populaire et ménétrière.

 

 

 

 

 

 

 

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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 09:20

Je vais tenter d’y répondre au regard de mon expérience, qui se situe essentiellement dans le premier cycle : c’est une réponse partiale et partielle, mais enfin, ce pourra être un éclairage fragmenté pour les parents et les élèves qui se posent cette question.

D’abord, la tradition veut, dans notre culture française de l’enseignement musical, que le solfège soit un préalable à la pratique instrumentale : il s’agit, dans un premier temps, d’éduquer l’oreille et l’œil aux principes de l’écriture musicale, avant l’apprentissage d’un instrument. Cette idée est toujours omniprésente dans la tête de ceux qui ont le pouvoir de décider de la conduite à tenir en matière d’enseignement musical.

Pour preuve, Eric Sprogis, qui, lorsqu’il était directeur du conservatoire, ne pouvait admettre le début d’une pratique instrumentale sans le rituel cérémonial de poser une partition sur le pupitre, preuve qu'’il est nécessaire de connaître les codes de l’écriture musicale, avant de toucher un instrument.

Dans l’ébauche du futur règlement des études du CRR, on peut y lire, concernant les objectifs assignés au deuxième cycle, celui d’un « lien entre formation musicale et instrumentale par la mise en jeu à l’instrument des acquisitions du cours de formation musicale ». En d’autres termes, le cours de formation musicale édicte des principes préalables de connaissances musicales, qui se trouveront après appliqués à l’instrument.

Ce modèle s’applique globalement à ce que j’enseigne aux groupes A et B.

Mais pour l’un des groupe C, celui de la Blaiserie, je procède à la démarche inverse : c’est-à-dire que c’est à partir d’une pratique instrumentale préalable que va se décliner toute une série de connaissances musicales à  acquérir ; le principe est simple : un élève propose de jouer le morceau qu'’il étudie en cours d’instrument, je photocopie la partition sur laquelle il travaille, il joue son morceau devant ses condisciples, et nous étudions de concert la partition. Cette méthode a le mérite de faire un lien entre pratique musicale et pratique instrumentale, mais révèle que, dans le cas de la pratique instrumentale, certaines notions de formation musicale sont acquises en amont du cours de formation musicale.

Quant au groupe D, vu qu'’il est composé de trois élèves, deux pianistes et un flûtiste, nous procédons à peu près de manière équivalente, dans la mesure où nous déchiffrons des œuvres musicales que nous analysons ensuite en y distinguant les éléments propres à la formation musicale.

Il y a une troisième voie qui pourrait justifier la pertinence du cours de formation musicale : c’est celui de compléter les acquisitions du cours de formation instrumentale pour ouvrir les oreilles des élèves au large spectre de la musique classique. Le moyen d’y parvenir est l’étude d’œuvres du répertoire, à l’égal des cours de français du collège qui puise son fonds d’étude de la langue dans le « Lagarde et Michard ».

J’avoue que cette méthode n’a pas toutes mes faveurs, d’abord d’un point de vue matériel (le prêt des partitions se fait au conservatoire), et d’autre part  je ne dispose pas d’un matériel performant de reproduction de la musique dans les salles où j’enseigne.

Par contre, les œuvres étudiées peuvent être des chansons, choisies selon les acquisitions de formation musicale à acquérir.

Le cours de formation musicale peut enfin servir de vivier pour la pratique instrumentale. C’est le cas du groupe A de la mjcaa, dont certains élèves suivent des cours d’instrument à la mjcaa, et dont je sais que les professeurs attendent que j’apprenne à leurs élèves des chansons qui pourront être l’objet d’une étude instrumentale.

Pour résumer, l’institution assène que le cours de formation musicale est un préalable à la pratique instrumentale, c’est ce qui en ferait sa pertinence et sa cohérence : dans la réalité des cours quotidiens, cette maxime est vite contredite. Les élèves et les professeurs d’instruments s’arrangent des lacunes solfégiques de ces premiers, et se débrouillent pour contourner cette prétendue carence.

Pour ma part, je m’adapte à chaque groupe, essayant de proposer un enseignement propre à chacun et à chaque classe constituée. D’un enseignement institutionnel qui se voudrait monolithique fondé sur une acquisition d’un socle commun, je m’arrange de cette injonction en naviguant au plus près des attentes de mes élèves.

En définitive, à quoi sert le cours de formation musicale : son rôle est de  compléter le cours de formation instrumentale ; il peut être situé avant lui, après lui ou à côté. La tradition veut que le cours de formation musicale se situe avant le cours d’instrument : c’est le précepte des tenants de l’oreille absolue, qui ne peuvent concevoir une écoute intérieure de la partition avant son exécution à l’instrument. Cette idéologie partisane, propre aux décideurs de l’enseignement artistique musical en France, ne peut tenir que si elle est détournée, pour justifier la pertinence du cours de formation musicale dans un conservatoire.

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7 décembre 2011 3 07 /12 /décembre /2011 10:24

Qui ne connaît pas le professeur Choron, alias Georges Bernier, célèbre pour ses fiches bricolage, fondateur de Hara-Kiri et génie du mauvais goût ? Bernier s’est affublé de cette docte particule « Professeur Choron » parce qu'’il l’avait vu inscrite sur la pancarte de la rue où s’était installé le premier QG Canal Historique de ce qu’est aujourd’hui l’insipide « Charlie-Hebdo ».

Le vrai professeur Choron devait être l’exact inverse du faux. Défenseur de la musique sacrée et exégète des maîtrises, Alexandre Choron a voulu restaurer quelques années après la Prise de la Bastille le réseau des maîtrises dans les églises, modèle, selon lui, d’un enseignement musical parfait. Le sabre révolutionnaire s’était déjà bien vite émoussé face au goupillon vengeur des addicts de l’opium du peuple.

Dans les années 1830, Choron crée une école de chant, embryon de ce que sera plus tard l’école Niedermeyer, dont les fondements sont toujours de « s’opposer à l’invasion de l’art mondain dans le domaine sacré et établir entre la religion et l’art profane une nette séparation ».

Chant choral et religion, un bien étrange ménage, et qui perdure toujours aujourd’hui : on ne peut en effet échapper à entendre de la musique sacrée dans le moindre concert de chant choral. Les acteurs de l’enseignement artistique laïc ont toujours comme idéal ce type d’enseignement, que le film « Les Choristes » a remis au goût du jour, un enseignement sélectif (celui qui chante faux est relégué à tenir le lutrin du chef pendant les répétitions), rassurant et rationnel, d’où va s’échapper de cette masse bon enfant d’apparence indisciplinée mais policée, deux chanteurs professionnels.

Cette fascination pour l’enseignement maîtrisien trouvera son paroxysme dans l’appellation « Classe Maîtrisienne » à l’intérieur d’une école au patronyme pourtant bien laïc, l’école « Paul Bert ».

Ce souci constant de restauration d’un enseignement idéalisé déchu est battu en brèche par un tout jeune docteur en sociologie, Guillaume Lurton, auteur d’une thèse récemment soutenue intitulée : « Le chœur partagé : le chant choral en France, intégration socio-économique d’un monde de l’art moyen ».

Pour Lurton, la Révolution Française n’a pas, par un coup de guillotine, assassiné la pratique du chant en particulier, et du choral choral en France, associé dans notre représentation sociale aux maîtrises.

La pratique et l’engouement pour les chorales en France est une tradition que la Révolution Française n’a pas brisé, qui était présente bien avant son avènement, et qui a perduré après, témoin la création quelques années plus tard des orphéons et des fanfares. Des esprits chagrins voudraient nous faire croire que la pratique maîtrisienne est le parangon unique de la pratique chorale. Lurton soutient l’inverse, renvoyant Choron dans un anonymat que le vrai-faux professeur Choron nous a bien involontairement rappelé à son bon souvenir.

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11 octobre 2011 2 11 /10 /octobre /2011 08:02

Cette question est présentée par une affirmation par de nombreux parents : "mon enfant doit faire du solfège s'il veut pratiquer un instrument de musique".

 

Cette phrase est le bon sens même; on pourrait la décliner par d'autres affirmations :"il faut apprendre à mettre un pied devant l'autre pour apprendre à marcher", ou encore : "il faut apprendre à contrôler les muscles de ses lèvres et de sa langue avant d'apprendre à parler", ou enfin, "il faut apprendre à faire les gestes de la grenouille hors de l'eau avant de s'y jeter  pour pratiquer la brasse"

 

Cette interrogation est posée de la même manière sur la méthode d'apprentissage de la lecture à l'école : le débat ressurgit régulièrement entre partisans de la méthode analytique (b et a font ba) et défenseurs de la méthode globale (l'enfant mémorise les mots dans leur image globale, puis scinde le mot en syllabes, et en lettres).

Tout le monde arrête de se quereller face à la méthode "mixte", qui, comme son nom l'indique, est un mélange savant entre méthode analytique et globale.

 

Cette distinction entre deux méthodes se retrouvent en musique, par deux pratiques qui ont fait autorité avant la révolution française : la méthode maitrisienne et la méthode ménétrière.

La méthode maitrisienne, qui vient du mot "maitrise",  (la maitrise etait un choeur d'enfants officiant pendant les cérémonies religieuses, ceux ci étaient pensionnaires tout en apprenant la musique par le chant), prône le developpement de l'oreille intérieure par le chant, principe qui veut que l'on entende une note écrite sur une partition avant de la jouer.

La méthode ménétrière, qui vient de "ménétrier", joueur public de musique, met l'accent sur une pratique poly-instrumentale, pour se spécialiser au fur et à mesure, sur la pratique experte d'un instrument.

En sciences de l'éducation, ces deux méthodes sont depuis longtemps balisées, la méthode maitrisienne pouvant être assimilée au courant positiviste et raisonnée, la méthode ménétrière au courant de la complexité et de l'expérience.

 

La récente décision de supprimer la pratique de la flute à bec dans les collèges, et la préconisation de la pratique du chant choral dans ces mêmes lieux d'établissement d'enseignement, me parait significative de l'idéologie dominante.

L'idée d'une méthode mixte a du mal à s'imposer parmi les pédagogues musiciens, et la voie maitrisienne semble être un TINA (There Is No Alternative)

 

Pourtant, il existe bien un Plan B..........

 

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