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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 09:20

Je vais tenter d’y répondre au regard de mon expérience, qui se situe essentiellement dans le premier cycle : c’est une réponse partiale et partielle, mais enfin, ce pourra être un éclairage fragmenté pour les parents et les élèves qui se posent cette question.

D’abord, la tradition veut, dans notre culture française de l’enseignement musical, que le solfège soit un préalable à la pratique instrumentale : il s’agit, dans un premier temps, d’éduquer l’oreille et l’œil aux principes de l’écriture musicale, avant l’apprentissage d’un instrument. Cette idée est toujours omniprésente dans la tête de ceux qui ont le pouvoir de décider de la conduite à tenir en matière d’enseignement musical.

Pour preuve, Eric Sprogis, qui, lorsqu’il était directeur du conservatoire, ne pouvait admettre le début d’une pratique instrumentale sans le rituel cérémonial de poser une partition sur le pupitre, preuve qu'’il est nécessaire de connaître les codes de l’écriture musicale, avant de toucher un instrument.

Dans l’ébauche du futur règlement des études du CRR, on peut y lire, concernant les objectifs assignés au deuxième cycle, celui d’un « lien entre formation musicale et instrumentale par la mise en jeu à l’instrument des acquisitions du cours de formation musicale ». En d’autres termes, le cours de formation musicale édicte des principes préalables de connaissances musicales, qui se trouveront après appliqués à l’instrument.

Ce modèle s’applique globalement à ce que j’enseigne aux groupes A et B.

Mais pour l’un des groupe C, celui de la Blaiserie, je procède à la démarche inverse : c’est-à-dire que c’est à partir d’une pratique instrumentale préalable que va se décliner toute une série de connaissances musicales à  acquérir ; le principe est simple : un élève propose de jouer le morceau qu'’il étudie en cours d’instrument, je photocopie la partition sur laquelle il travaille, il joue son morceau devant ses condisciples, et nous étudions de concert la partition. Cette méthode a le mérite de faire un lien entre pratique musicale et pratique instrumentale, mais révèle que, dans le cas de la pratique instrumentale, certaines notions de formation musicale sont acquises en amont du cours de formation musicale.

Quant au groupe D, vu qu'’il est composé de trois élèves, deux pianistes et un flûtiste, nous procédons à peu près de manière équivalente, dans la mesure où nous déchiffrons des œuvres musicales que nous analysons ensuite en y distinguant les éléments propres à la formation musicale.

Il y a une troisième voie qui pourrait justifier la pertinence du cours de formation musicale : c’est celui de compléter les acquisitions du cours de formation instrumentale pour ouvrir les oreilles des élèves au large spectre de la musique classique. Le moyen d’y parvenir est l’étude d’œuvres du répertoire, à l’égal des cours de français du collège qui puise son fonds d’étude de la langue dans le « Lagarde et Michard ».

J’avoue que cette méthode n’a pas toutes mes faveurs, d’abord d’un point de vue matériel (le prêt des partitions se fait au conservatoire), et d’autre part  je ne dispose pas d’un matériel performant de reproduction de la musique dans les salles où j’enseigne.

Par contre, les œuvres étudiées peuvent être des chansons, choisies selon les acquisitions de formation musicale à acquérir.

Le cours de formation musicale peut enfin servir de vivier pour la pratique instrumentale. C’est le cas du groupe A de la mjcaa, dont certains élèves suivent des cours d’instrument à la mjcaa, et dont je sais que les professeurs attendent que j’apprenne à leurs élèves des chansons qui pourront être l’objet d’une étude instrumentale.

Pour résumer, l’institution assène que le cours de formation musicale est un préalable à la pratique instrumentale, c’est ce qui en ferait sa pertinence et sa cohérence : dans la réalité des cours quotidiens, cette maxime est vite contredite. Les élèves et les professeurs d’instruments s’arrangent des lacunes solfégiques de ces premiers, et se débrouillent pour contourner cette prétendue carence.

Pour ma part, je m’adapte à chaque groupe, essayant de proposer un enseignement propre à chacun et à chaque classe constituée. D’un enseignement institutionnel qui se voudrait monolithique fondé sur une acquisition d’un socle commun, je m’arrange de cette injonction en naviguant au plus près des attentes de mes élèves.

En définitive, à quoi sert le cours de formation musicale : son rôle est de  compléter le cours de formation instrumentale ; il peut être situé avant lui, après lui ou à côté. La tradition veut que le cours de formation musicale se situe avant le cours d’instrument : c’est le précepte des tenants de l’oreille absolue, qui ne peuvent concevoir une écoute intérieure de la partition avant son exécution à l’instrument. Cette idéologie partisane, propre aux décideurs de l’enseignement artistique musical en France, ne peut tenir que si elle est détournée, pour justifier la pertinence du cours de formation musicale dans un conservatoire.

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commentaires

E
Tout le monde sera d'accord pour considérer qu'enseigner ou éduquer impliquent comme valeur suprême une éthique qui ne souffre d'aucune exception. Que penser alors d'un "pédagogue" qui, pour<br /> illustrer un propos globalement recevable sur le plan des principes, cite nominativement quelqu'un en lui faisant dire exactement le contraire de ce qu'il a toujours défendu dans le cadre des<br /> fonctions qui sont rappelées dans cet article?
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