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22 février 2012 3 22 /02 /février /2012 07:46

Voilà bien une aberration qui perdure au fil du temps, qui n’a jamais été corrigée et qui a encore de beaux jours devant elle, cette anomalie qui consiste à considérer une note pour une autre, comme si notre système d’écriture musicale n’était déjà pas assez compliqué comme cela, justifiant ainsi la fameuse lecture en clé d’ut, pensum parfaitement imbécile que tout élève en fin de deuxième cycle se doit de maitriser, évalué par une épreuve intitulée « lecture de partition d’orchestre », gymkhana invraisemblable où le candidat doit jongler entre un passage pour clarinette en sib, un autre pour alto en clé d’ut3, un autre encore pour flûte traversière, copieusement composé de notes dans le sur-aigu, pour finir par une partie pour cor en fa.


Débrouillons l’affaire.

Prenons un morceau de bois dont le centre a été évidé. Perçons-y des trous, disons 7 trous, qui, selon leur obstruction par les doigts d’un joueur, feront les notes de la gamme do ré mi fa sol la si do.

Mais, erreur fatale, de do initial de l’instrument ne correspond pas au do du piano.


Pour la clarinette, un do de cet instrument correspond à un si bémol du piano

(toute la musique est écrite un ton au-dessus des notes réelles)

 

 

Pour le cor, un do de cet instrument correspond à un fa du piano 

 

(l'accompagnement piano est en la, la mélodie pour cor écrite en mi, la première note réelle de la mélodie n'est pas un si, mais un mi)


Pour certains saxophones, le do de cet instrument correspond à un mi bémol du piano.

 

(la première note de la mélodie, qui se lit sol, est en réalité un si bémol, pour retrouver les notes réelles il "suffit" de lire en clé de fa)


Pour produire un do « réel », le clarinettiste doit donc jouer un ré sur son instrument.

Pour produire un do « réel », un corniste doit donc jour un sol sur son instrument.

Pour produire un do « réel » un, saxophoniste alto doit donc jouer un la sur son instrument.

Vous me suivez ?


Pour compliquer encore l’affaire, sachez que le violon alto se lit en clé d’ut3, justifié par sa tessiture, intermédiaire entre le violon et le violoncelle.

 

(la note située au milieu de la portée se lit donc "do")



Enfin, sur une partition d’orchestre, les notes de chaque instrument sont écrites selon leur valeur relative, ce qui fait un bel embrouillamini. 

 

(un exemple "simple" : voici une partition pour 2 flûtes, hautbois et clarinette : la partie clarinette est écrite en fa#mineur, alors que la tonalité des autres instruments est écrite en mi mineur)

 

Certains profs enseignent en tenant compte de la relativité des notes émises ; par exemple, un prof de clarinette fait jouer un do à son élève, et lui affirme que c’est un do, alors que dans la réalité des hauteurs absolues, ce do là  est un si bémol. Cela peut troubler certains élèves.


D’autres apprennent à leurs élèves à déchiffrer des partitions en clé de sol, mais à penser les notes un ton au-dessus. Pour ceux-là, un « ré » en clé de sol, situé sur la quatrième ligne de la portée, se lit « do ».


Toute cette complication ne pourrait-elle pas se résoudre en pensant pour tous les instruments en note réelle ? Improbable gageure, car il faudrait alors réécrire tout le répertoire de ces maudits instruments transpositeurs, ce qui n’est pas gagné, mettant à mal l’authenticité du répertoire de ces instruments, la vogue de la musique baroque ne laissant aucun doute sur l’issue d’une telle révolution.


Alors, élève de conservatoire, peut-être ne connais-tu plus à l’école des problèmes de robinets qui fuient ou d’improbables croisements de train entre deux gares ? Mais au conservatoire, tu auras encore longtemps à jongler entre un saxophone en mib, une clarinette en sib et un cor en fa.

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commentaires

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Disons qu'écrire les instruments transpositeurs en sons réels embêteraient plus les musiciens que les arrangent... Les doigtés entre cor anglais/hautbois, flute en sol/ut, clarinette en mib/ut/sib/la sont quasiment identiques et donc devoir se casser la tête a réfléchir doigtés en fonction de l'instrument est contreproductif alors qu'actuellement un même la écrit sur une partition de clarinette correspond au même doigtés sur les 4 clarinettes mais juste pas au même son.
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P
Bravo pour ce coup de gueule ! Le galoubet qui existe pratiquement dans tous les tons est aussi une victime de cette notion barbare d'instrument &quot;transpositeur&quot; ...http://www.galoubets.com/transpo.htm De plus, on désigne sa tonalité par la seconde pour des raisons obscures http://www.galoubets.com/transpo.htm <br /> <br /> cordialement,<br /> <br /> Pierre Olivier
Répondre
R
J'avoue que je suis sceptique quant à la conclusion:<br /> "Toute cette complication ne pourrait-elle pas se résoudre en pensant pour tous les instruments en note réelle ? Improbable gageure, car il faudrait alors réécrire tout le répertoire "<br /> Ce qui sous entend que, si les notes "réelles" sont les notes en Ut, un instrumentiste à vent devra maîtriser autant de doigtés qu'il a d'instruments, la partition représentant toujours les notes en Ut.<br /> Ainsi un Do sur une trompette en Ut se joue avec un doigté de Do en pensant et en entendant Do, un doigté de Ré pour une trompette en Sib en pensant et en entendant Do, etc.<br /> Ou bien je n'ai rein compris!<br /> Cordialement<br /> Grégory Rollot

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